Enquête introductive : surveillance médicale et sécurité des travailleurs sous-marins

Quels sont les effets sur la santé de l'inhalation de gaz à pression partielle d'oxygène accrue chez les travailleurs sous-marins ? C'est avec cette question à l'esprit que Melissa Vermeulen, médecin du travail chez Mensura, a monitoré des plongeurs en action. Une matière d'étude vitale non seulement pour le monde des plongeurs, mais aussi pour les travailleurs de secteurs comme celui de la construction.

Fin 2015, 17 plongeurs se sont présentés à la cuve de plongée Transfo de Zwevegem, en Flandre occidentale. Au programme : une journée bien remplie en raison d'une enquête scientifique dans le cadre de laquelle ni la sécurité ni la santé des plongeurs n’ont été laissées au hasard.

Durant deux heures, les sujets testés ont respiré à 15 m de profondeur un mélange fortement enrichi en oxygène (65 % d'oxygène). Tant avant qu’après la plongée, leurs valeurs sanguines et leur capacité pulmonaire vitale ont été mesurées. Des échantillons de l’air qu'ils expiraient ont également été prélevés pour en étudier les valeurs.

Surveillance de la santé ciblée

L'un des principaux objectifs des mesures était d’examiner quels composés organiques volatils (COV) sont libérés lors de l'inhalation de gaz à pression partielle d'oxygène accrue (avec des bouteilles de plongée, par exemple) dans un environnement hyperbare. Identifier minutieusement ces composés permettrait de détecter de manière précoce les lésions pulmonaires oxydatives.

L'enquête a pour but de déboucher sur une surveillance individuelle et ciblée de la santé des collaborateurs dans différents secteurs. Songeons notamment aux travailleurs sous-marins qui, en étroite collaboration avec leurs assistants à la surface, effectuent des travaux d'inspection, de réparation, de soudure et de peinture sur des bateaux, des travaux de génie civil et d'autres constructions sous-marines.

Normes de sécurité : une question non réglée…

Outre la surveillance médicale, une enquête comme celle de Melissa Vermeulen trouve également une application dans le domaine de la prévention.

L’inhalation de gaz à pression partielle d'oxygène accrue peut provoquer toute une série de symptômes allant de contractions musculaires et convulsions, nausées et vertiges à des difficultés respiratoires et des problèmes oculaires et auditifs. Afin de garantir la sécurité des plongeurs, le pourcentage de saturation du CNS – qui calcule l'effet de l’hyperoxie sur le système nerveux central – est limité à 80 % maximum en cas de plongée en eau libre ou dans des conditions non contrôlées.

Pour calculer ce pourcentage, les ordinateurs et logiciels de plongée utilisent un algorithme basé sur des informations chiffrées et des tableaux de la NOAA, l'agence américaine d'observation océanique et atmosphérique. Quant à la question de savoir si les valeurs limites actuelles sont suffisantes ou doivent être adaptées, elle subsiste suite à cette enquête récente.

A suivre…

Le docteur Pieter-Jan van Ooij, qui est à la tête du centre médical de plongée de Den Helder et qui a encadré cette enquête, a réalisé auparavant une étude du même type auprès de plongeurs de la marine néerlandaise. Dans ce cadre, tous les sujets tests sont revenus à la surface sans problème, mais aucune des deux études n'a encore livré de résultats concluants.

Il sera indispensable de procéder à d'autres études afin d'affiner et d’adapter éventuellement les valeurs de sécurité actuelles, en vue de pouvoir garantir la protection optimale de bien des plongeurs professionnels.