« La santé, c’est un investissement, pas un coût »

Depuis le 1er novembre, Pascal Mertens est le directeur Région Wallonie de Mensura, le leader belge de la prévention et de la protection au travail. Résumé de son entretien dans Trends/Tendances, de la semaine dernière.

Pourquoi Mensura et pourquoi maintenant?

Pascal Mertens : A 58 ans, j’avais encore envie d’un défi. Je m’étais mis trois conditions : un secteur porteur d’avenir, une structure crédible dudit secteur et des valeurs en adéquation avec les miennes. J’ai trouvé tout ça chez Mensura, notamment les valeurs de passion, transparence et intégrité qui me vont comme un gant. Pourtant, ce ne fut pas le coup de foudre immédiat. En tant que patron, je n’avais pas forcément vécu les plus belles expériences avec les services externes. Nos discussions ont repris après une interruption due à la pandémie. J’ai changé d’avis car j’ai pu observer tout ce que Mensura a fait durant cette période. La crise m’a donné l’envie de les rejoindre. Après un mois, j’en suis encore plus convaincu. Ce fut un choix naturel, en fin de compte.

Mensura, dans sa communication, parle beaucoup d’innovation un pilier de sa stratégie. Concrètement, ça veut dire quoi?

Evidemment, il y a un aspect digitalisation. D’une part, nous fournissons désormais un performance dashboard qui permet à chaque client de voir où il en est en termes d’obligations légales. Ensuite, nous venons de lancer un projet pilote, notamment chez Epicura, le groupement hospitalier de la région de Mons-Borinage et d’Ath. Il s’agit d’un portail travailleur qui permet de gérer les visites médicales obligatoires mais aussi leur suivi. Chaque travailleur ¬ et ce n’était pas forcément le cas avant ¬ reçoit automatiquement les résultats de sa visite et le plan d’actions conseillées éventuel. Et puis, nous proposons aussi de nouveaux services.

Quels sont-ils?

Je vous en évoque deux. Nous sommes occupés à mettre en place un service appelé Travel Medicine. Il n’est pas encore sur le marché mais il est développé, notamment avec des entreprises du secteur de la construction. L’idée est de permettre aux sociétés qui envoient des employés à l’étranger, comme Besix ou De Nul, de le faire dans de bonnes conditions: vaccins, prévention santé, règles alimentaires, etc. Vous savez que, dans le Golfe, certains pays demandent déjà de se faire vacciner contre le Covid à l’aide d’un vaccin chinois? Pour ce projet, nous collaborons avec l’Institut des maladies tropicales d’Anvers.

Ensuite, nous avons lancé le programme My Vitality qui consiste à faire la promotion de bonnes pratiques sanitaires auprès des employés. En trois phases. D’abord le scan. Mesurer, c’est savoir et c’est une phase d’observation avec analyse du mode de vie, des check-up, des dépistages, etc. Ensuite, les conseils personnalisés sur base des résultats. Enfin, un plan d’actions concrètes sur base des réalités précises de l’entreprise. A ce stade, nous proposons une quinzaine d’ateliers appelés Théâtre du Stress, Healthy Food, Time Management, The Power of Sleep, etc.

Ces services ont un coût qui se rajoute à la contribution légale et obligatoire?

Non, ça ne fonctionne pas comme ça. (…) Des activités recommandées et des services supplémentaires peuvent être inclus ou payés en supplément suivant le budget qu’il reste une fois que le prioritaire aura été fait. Ceci dit, il ne faut pas raisonner en termes de coût et c’est ma longue expérience dans les soins de santé qui parle. La santé n’est pas un coût, c’est un investissement. Un investissement sur le capital le plus important des entreprises: les employés. Ça fait 35 ans que je dirige des équipes. Le monde a changé mais pas ça. Investir dans ses équipes, on ne le regrette jamais.

Vous vous occupez spécifiquement de la Wallonie. Y a-t-il de si grandes différences avec les autres Régions?

Mensura s’est décentralisée justement pour être plus proche de ses clients et de ses besoins. Vu son histoire, Mensura est plus importante en Flandre et mon arrivée a pour but de nous développer encore plus en Wallonie. Ceci dit, nous ne sommes pas non plus dans un secteur qui attaque agressivement le marché. Alors oui, il y a des différences notables entre les Régions. D’une part, c’est géographiquement plus étendu chez nous. C’est pour cela qu’outre nos deux sièges de Gosselies et de Libramont, nous avons aussi des centres répartis sur toute la Wallonie. D’autre part, le tissu des entreprises est différent. La Wallonie est toujours en reconversion et il y a donc beaucoup plus de PME. Il y a plus de clients en Wallonie mais ils sont plus petits. Ce qui est plus complexe à gérer au niveau du personnel et de l’organisation. Enfin, la Wallonie compte plus de structures publiques et semi-publiques. C’est un secteur spécifique qui n’est pas moins dynamique pour autant.

On vous sent particulièrement motivé.

J’en reviens à la première question. Mensura, que je trouve plus dynamique que la moyenne, se trouve au cœur des grands enjeux de demain: le bien-être au travail, le télétravail et les risques psychosociaux – car n’oublions pas qu’il n’y a jamais eu autant de burn-out que maintenant.

Sans oublier l’absentéisme qui est un de nos chevaux de bataille. Nous allons devoir travailler jusqu’à 67ans. Il me semble sensé que chaque employeur agisse pour que cela se fasse dans les meilleures conditions possibles: santé, bien-être et motivation.

 

Publié dans Trends/Tendances, le 10 décembre 2020 - www.trends-tendances.be