Un an après l’entrée en vigueur de la loi sur l’ergonomie, votre organisation est-elle en règle ?

L’AR sur l’ergonomie au travail et la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) exige des employeurs qu’ils intègrent systématiquement l’ergonomie dans leur analyse des risques et leurs mesures de prévention. Par exemple, les risques liés aux actions de levage, poussée et traction, aux mouvements répétitifs ou à une position assise/debout prolongée.

Les employeurs doivent :

• tenir compte de l’ergonomie lors de l’aménagement ou de l’adaptation des postes de travail ;
• prendre des mesures préventives appropriées ;
• évaluer et mettre à jour la politique de prévention sur la base de l’analyse des risques ;
• tout documenter dans le plan global de prévention et le plan d’action annuel.

La loi souligne également l’importance de la coopération structurelle avec le service de prévention interne ou externe. Un prérequis pour que l’ergonomie devienne partie intégrante de la politique de bien-être de l’entreprise.

Pour l’instant, l’impact semble assez limité dans de nombreuses organisations. Pour quel motif ? D’une part, la connaissance concrète de ce qu’implique la loi fait encore souvent défaut. D’autre part, l’ergonomie reste trop souvent une intervention peu contraignante, telle que l’organisation de formations ou la pose d’affiches.

Cela étant dit, il est logique qu’une nouvelle législation ait besoin de temps pour s’ancrer dans les politiques de protection sociale existantes. « Beaucoup de clients prennent de bonnes premières mesures, mais le processus de prise de décision, la planification, la budgétisation… demandent du temps et des efforts », explique Gerrit Pollentier, ergonome chez Mensura. L’ergonomie doit être traitée comme une question stratégique à part entière.
 

Investir dans l’ergonomie est, bien entendu, bien plus qu’une obligation légale. Il en va en premier lieu de la santé de vos collaborateurs. Jusqu’à 30 % de l’absentéisme de longue durée est lié à des troubles musculo-squelettiques (TMS) tels que des douleurs au dos, à la nuque et aux épaules. Les facteurs physiques, psychosociaux et organisationnels ont tous un impact sur ces troubles. La solution réside donc dans une approche intégrée, car l’ergonomie ne se résume pas à « bien s’asseoir » ou à « soulever des charges correctement ».

Selon l’agence européenne OSHA, une telle approche intégrée peut réduire jusqu’à 20 % le nombre de collaborateurs souffrant de maux de dos. Ce résultat serait même déjà atteint avec cinq mesures concrètes.

Voici quelques idées d’actions très efficaces en guise d’inspiration :

• la refonte des processus de travail
• l’optimisation de la hauteur de travail
• la réduction du poids de levage grâce, par exemple, à des aides au levage et au transport, en particulier dans le secteur des soins
• l’alternance des tâches et la multiplication des pauses
• l’entraînement de la force musculaire et de la flexibilité

Gerrit Pollentier : « Il vaut vraiment la peine d’investir intelligemment dans l’ergonomie, car ces investissements se traduisent non seulement par une meilleure santé des travailleurs, mais aussi par de meilleures performances. »

Une gestion fructueuse des contraintes physiques requiert une approche sur mesure. La meilleure solution consiste en une combinaison de mesures techniques, organisationnelles et, le cas échéant, axées sur la personne.

C’est ce que l’on appelle le principe TOP :

• Technique (par exemple, outils, adaptation du poste de travail),
• Organisationnel (par exemple, rotation des tâches, rythme de travail, politique de pause),
• Axé sur la Personne (par exemple, formation au levage, coaching).

Autre aspect important : créer l’adhésion parmi les travailleurs. La participation augmente non seulement l’impact des mesures, mais aussi l’engagement des collaborateurs.