Le burn-out reconnu comme maladie liée au travail : une bonne chose

La ministre de la Santé publique Maggie De Block va reconnaître le burn-out comme étant une maladie liée au travail. Selon les politiciens, cette reconnaissance va permettre l'organisation de la prévention et une meilleure réintégration. Elle aura aussi des conséquences pour vous en tant qu'employeur. Marie-Noëlle Schmickler, directeur Recherche médical et R&D chez Mensura, explique les tenants et les aboutissants.

On ne sait pas encore quand le burn-out sera reconnu comme maladie liée au travail. Mais la ministre De Block semble déterminée. À quelles conséquences pouvons-nous nous attendre ? Marie-Noëlle Schmickler : « Les employeurs seront ainsi mieux soutenus dans le cadre de la prévention des burn-outs. De plus, suite à cette reconnaissance, tant les entreprises que les collaborateurs seront plus vigilants face aux signaux qui précèdent le burn-out. »

Maladie professionnelle versus maladie liée au travail

« Il ne faut pas confondre les maladies liées au travail – la catégorie dont les burn-outs feront bientôt partie – avec celle des maladies professionnelles. Dans le cas des maladies professionnelles, il existe un lien causal clair et incontestable entre le travail et la maladie du collaborateur. En outre, les affections de ce type sont officiellement reconnues et reprises dans la loi relative aux maladies professionnelles. Les collaborateurs concernés bénéficient d'une indemnité et d'un soutien financier pour leur traitement, leur reconversion, etc.

Dans le cas d'une maladie liée à la profession, le lien causal entre le travail et l'affection est moins fort. Généralement, d'autres facteurs jouent également un rôle, ce qui est par exemple le cas lors d'un burn-out. Une affection liée au travail ne donne pas droit à des indemnités, mais elle fait l'objet de l'attention nécessaire. C'est alors surtout sous la forme de programmes de prévention. »

Soutien pour la prévention du burn-out

« Le nombre de burn-outs continue à augmenter en Belgique. Nous devons en effet prester toujours plus avec moins de personnes. De plus, notre société moderne requiert de nous que nous soyons continuellement joignables. Une fois le burn-out reconnu comme maladie liée au travail, employeurs et travailleurs ne pourront plus le nier : nous ne pouvons pas supporter indéfiniment la pression (au travail).

Concrètement, la reconnaissance va permettre aux employeurs de miser davantage sur la prévention des burn-outs. Pour ce faire, ils pourront compter sur le soutien du Fonds des maladies professionnelles. Mais il appartiendra à l'organisation elle-même d'informer ses collaborateurs concernant l'offre en matière de prévention et de les encourager à tirer à temps la sonnette d'alarme. »

Une responsabilité partagée

« D'une part, les entreprises doivent être vigilantes et encourager les collaborateurs à freiner à temps. D'autre part, seuls les collaborateurs peuvent signaler lorsque la pression devient trop forte. Et le problème peut en partie être lié à une situation privée épuisante, par exemple. La reconnaissance de l'affection en tant que maladie liée au travail – et non pas en tant que maladie professionnelle – implique également cette responsabilité partagée.

La mesure de la ministre De Block semble donc d'ores et déjà être une bonne chose. Non seulement les employeurs et les collaborateurs sont mieux soutenus dans la prévention des burn-outs. Mais la ministre parle également d’un « encadrement lors de la réintégration des collaborateurs ». Et grâce au nouvel AR relatif à la réintégration, la reprise du travail des malades de longue durée se déroule nettement plus vite et mieux. »