L’impact des formations ergonomiques sur les chauffeurs de bus

Beaucoup de chauffeurs de bus souffrent de problèmes au niveau du bas du dos du fait qu'ils passent chaque jour de longues heures dans la même position assise et que leur corps est soumis à des vibrations. La thèse de master du docteur Karolien Lauwers, médecin du travail chez Mensura, a démontré que des formations actives permettent d'éviter ce type de problèmes en sensibilisant les chauffeurs à l'ergonomie. Le docteur Lauwers a réalisé son étude au sein de l'entreprise de transport Keolis, avec le soutien de l'Agence fédérale pour les Risques professionnels (FEDRIS).

Les douleurs du bas du dos qu’éprouvent les chauffeurs de bus constituent un problème sous-estimé. Afin de déterminer s'il est possible de réduire la contrainte ergonomique et l'effet des vibrations grâce à des formations, Karolien Lauwers s'est adressée à l'entreprise de transport Keolis.

Elle a demandé à 60 chauffeurs de bus de remplir un questionnaire relatif aux problèmes de dos liés au travail et aux facteurs de risque inhérents. Les participants ont ensuite suivi une formation au cours de laquelle ont notamment été abordés des thèmes tels que les causes des problèmes de dos, un style de vie sain, une position correcte et un bon réglage du siège, une technique de levage correcte, un style de conduite adapté et des exercices physiques.

Amélioration significative

Au bout de trois mois, Karolien Lauwers a à nouveau interrogé les chauffeurs de bus. Résultat ? Grâce à son intervention, la prévalence des problèmes du bas du dos (au cours des 7 jours précédents) était passée de 39,6 % à 14,9 %. Il est également apparu que les chauffeurs de bus savaient nettement mieux ce qu'est une position assise correcte.

La plupart d'entre eux avaient davantage conscience de l'importance de la prévention des problèmes de dos. Ils ont déclaré être continuellement attentifs à cet aspect car ils savent désormais comment s'y prendre.

Mesure des vibrations dans les bus

Grâce à l'aide gratuite de FEDRIS, Karolien Lauwers a également pu quantifier la contrainte due aux vibrations. À cette fin, un ingénieur de l'organisation a réalisé des mesures sur neuf bus de Keolis, chaque fois durant le même trajet, effectué par le même chauffeur.

Les vibrations mesurées restaient dans les limites prévues par la loi pour ce qui est de l'intensité et de la contrainte due aux chocs. Cependant, un bus dépassait la valeur d'action pour l'intensité et quatre bus la valeur d'action pour la contrainte due aux chocs. L'employeur a dans ces cas l'obligation d'élaborer un plan d'action afin de réduire au maximum la contrainte due aux vibrations. Keolis a donc adapté sa politique ergonomique afin d'améliorer le bien-être de ses travailleurs et d'éviter l'absentéisme pour cause de maladie.

La clé pour moins de problèmes de santé

Il sera certes nécessaire de réaliser d'autres études, mais il est frappant de constater les résultats obtenus en informant de manière active les chauffeurs de bus et en les sensibilisant à la problématique. Ces connaissances leur permettent de s'attaquer eux-mêmes aux problèmes du bas du dos et de les limiter. Un double objectif qui les motive.

Les entreprises de transport doivent naturellement prendre, elles aussi, les mesures nécessaires pour limiter les vibrations que subit le corps et les contraintes ergonomiques qui causent les problèmes de dos. Songeons, par exemple, à équiper les sièges d'un système de suspension pneumatique et à offrir des formations pratiques concernant le réglage des sièges, les postures ergonomiques, les exercices pour le dos, etc. La clé réside donc dans une collaboration entre entreprises et travailleurs en vue de garantir un confort ergonomique optimal à ces derniers.