« Les trois B du bonheur au travail sont soumis à une forte pression »

Le bonheur au travail passe par le fait de trouver un sens à son travail. « Mais ce n’est pas facile en ces temps où notre autonomie et notre engagement sont sous pression », explique Anneleen Vanlook, conseillère en prévention. Elle partage quelques idées et conseils.

Quels sont les facteurs derrière notre sentiment de bien-être au travail ?

“Chez Mensura, nous travaillons avec le modèle « job demands-resources », qui met en parallèle les exigences et les ressources au travail. Les exigences sont les aspects de votre travail qui vous demandent constamment un effort. Une charge de travail élevée ou des contraintes de temps, mais aussi un environnement de travail bruyant par exemple.

Vous pouvez tirer de l’énergie des ressources au travail. Songeons aux contacts avec les collègues ou à l’autonomie dont vous bénéficiez. Tant que les exigences et les ressources sont en équilibre, il n’y a pas de problème. Mais si les exigences pèsent plus lourd, vous vous retrouvez dans la zone de danger. »

Les traits de caractère personnels ont-ils également une influence ?

« Oui. Votre environnement de travail est toujours en interaction avec ce que vous êtes en tant que personne. Par exemple, les contraintes de temps peuvent avoir un effet négatif sur une personne perfectionniste, alors qu’un bourreau de travail n’en sera que plus performant. Si vous êtes sensible et que votre travail exige beaucoup d’assertivité, vous aurez besoin de beaucoup d’énergie. »
 

En tant que collaborateur, comment gérer les pièges liés au stress ?

« Avant tout, vous devez connaître et reconnaître les signaux d’alerte. Par exemple, vous avez souvent mal à la tête en rentrant chez vous, vous pouvez difficilement arrêter de travailler ou vous vous rongez les ongles ? Si ces signaux persistent pendant un certain temps, il est temps d’en chercher les causes.

Concrètement, vous pouvez contrôler le « niveau de votre batterie ». Vérifiez régulièrement – chaque semaine par exemple – si votre batterie est au rouge, au jaune ou au vert, et analysez l’évolution. Si vous êtes au rouge depuis un certain temps, commencez à rechercher les causes de votre état. »

Comment la crise sanitaire affecte-t-elle notre bien-être au travail ?

« La pandémie met notre bonheur au travail sous pression, c’est clair. Si nous examinons les « trois B du bonheur (au travail) » (besoin d’autonomie, besoin d’appartenance sociale et besoin de compétence), nous constatons que les deux premiers en particulier sont sous pression chez de nombreuses personnes. »

« Si vous pouvez choisir vous-même de travailler à domicile, votre autonomie s’accroît. Mais pour beaucoup, l’obligation de travailler à plein temps à domicile a l’effet inverse. C’est précisément cette alternance agréable entre le télétravail et la présence au bureau, ainsi que la liberté de choisir quand vous avez besoin de quoi, qui accroît votre bonheur au travail.

J’entends dire que de nombreuses entreprises veulent introduire le travail hybride structurel après la pandémie. C’est un autre scénario. Dans ce cas, les collaborateurs peuvent faire leurs propres choix dans l’intérêt de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et ils ne doivent pas sacrifier leur besoin de contacts avec leurs collègues. »
 

Et comment renforcer notre appartenance sociale ?

« De nombreux travailleurs reviennent peu à peu sur leur lieu de travail. Les organisations mettent en place des systèmes de télétravail structurel en vue de combiner le temps au bureau et le travail à domicile. De la sorte, une journée au bureau prend à nouveau une signification spéciale. En effet, nous recherchons automatiquement la plus-value de ce déplacement, et pour beaucoup, ce sont les collègues. L’équipe doit donc elle aussi voir comment utiliser au mieux ce temps au bureau pour la concertation, la collaboration et le contact social, aussi bien formel qu’informel. 

Avec vos collègues, cherchez les « petits bonheurs » : siroter ensemble un café bien tassé, un moment de détente après un téléphone difficile avec un client, se réunir en promenant, se faire un compliment, un drink après le travail... Mais il est important de savoir que tout le monde n’a pas le même besoin de contacts sociaux. Respectez cela et cherchez un bon équilibre où tout le monde se sent bien. Voilà comment les journées au bureau deviennent les moments idéaux pour recharger nos batteries sociales. »

Cet article est paru le 14 mai sur le blogue van Cevora.